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Travailleurs détachés à 2,22 euros de l’heure sur un chantier PV : Thierry Lepercq, PDG de Solairedirect, riposte

Thierry Lepercq« Tout cela est faux. Nous sommes dans la désinformation. Il est temps de rétablir la vérité » s’insurge Thierry Lepercq, PDG de Solairedirect, l’entreprise qui assure la maîtrise d’ouvrage de la centrale photovoltaïque (83 MW) d’Arsac, à 20 km au nord de Bordeaux. Vendredi dernier, par un communiqué, la préfecture de Gironde, repris dans un article du jounal Libération, avait annoncé avoir suspendu d’activité une société hongroise OLP-TECH, intervenant sur ce chantier photovoltaïque, qui rémunérait ses ouvriers 2,22 euros de l’heure, pour huit heures quotidiennes malgré une durée de travail de plus de 11 heures et six jours sur sept.

Par un arrêté, consécutif à une inspection de contrôle mercredi par la gendarmerie, l’Urssaf et l’Inspection du travail, le préfet a donc interrompu pour trois mois à compter du lundi 24 novembre l’activité de la société de chaudronnerie OLP-TECH, société sous-traitante mise en cause. Ce contrôle a établi qu’OLP-TECH, dont le siège est à Teresztenye (nord-est de la Hongrie), employait ses 31 ouvriers, soit tout son effectif, « dans des conditions contraires au Code du Travail », souligne la préfecture.
La plupart des ouvriers étaient des étrangers et se sont présentés comme des travailleurs détachés. Au regard du « cumul des faits et de leur gravité », indique la préfecture, le Parquet a été saisi des infractions pour y donner une suite judiciaire. Pour l’heure, l’enquête se poursuit.

Sur ce chantier, le maître d’ouvrage Solairedirect s’est adjoint le soutien de la société Eiffage, l’un des trois leaders français de la construction, pour ce qui est de la maîtrise d’œuvre. C’est donc la société Eiffage qui a fait appel à ce sous-traitant hongrois pour réaliser des travaux sur le chantier. « Cela ne veut pas dire que nous ne nous en préoccupons pas. Nous sommes même très à cheval sur les aspects sociaux et environnementaux des chantiers. Sur cette affaire elle-même, nous sommes en présence de travailleurs détachés - il y en a plus de 180 000 en France sur pléthores de chantiers - qui sont dans une situation légale sur un chantier qui compte 130 personnes. Etre pour ou contre, cela n’est pas la question notamment dans un secteur, le bâtiment, où il existe un problème structurel de recrutement en France. La loi est respectée ou pas ? Elle l’est. Les gens sont-ils bien traités ou pas ? Ils le sont. Sur le salaire, il y a un malentendu. La réalité est que ces ouvriers hongrois sont payés 438 euros par semaine soit 10% au-dessus du SMIC. C’est un fait. Pour le travail six jours sur sept, la réglementation française l’autorise dans la métallurgie avec en contrepartie la mise en place de compte épargne temps, ce qui est scrupuleusement respecté » affirme Thierry Lepercq qui dénonce ainsi de fausses informations destinées à nuire au photovoltaïque mais pas que.

La semaine dernière, près de 400 salariés de chez Eiffage Construction du Sud-Ouest venus de Toulouse, Condom, Albi ou encore Tarbes se sont rassemblés devant le siège régional du groupe à Bordeaux (Gironde) pour dénoncer un projet de restructuration, à l’appel de la CGT, rejointe par FO et la CFDT. Il s’agissait de la quatrième mobilisation depuis que la direction d’Eiffage a fait part de son projet d’accord de compétitivité qui prévoit de faire travailler le personnel 42 heures, payées 35 » . Les syndicats sont particulièrement remontés et évoquent le « chantage à l’emploi ». « Eiffage menace ainsi de licencier la moitié du personnel entre 600 et 700 personnes en cas de refus des syndicats de signer l’accord et propose de remplacer ses salariés, qui, en CDI, coûtent 28 euros de l’heure, par des travailleurs détachés, qui coûtent entre 17 et 20 euros de l’heure. » D’aucuns estiment que le chantier photovoltaïque contrôlé par la gendarmerie, l’Urssaf et l’Inspection du travail serait une victime collatérale du bras de fer entre la préfecture qui applique les instructions du ministre du travail François Rebsamen en matière de contrôle des travailleurs détachés et le groupe Eiffage. « C’est un sujet éminemment politique » juge un observateur.

De son côté, la société hongroise OLP-TECH s’apprête à publier dans les heures ou les jours à venir un droit de réponse. « Il existe beaucoup d’inexactitudes et d’erreurs dans le communiqué de la préfecture. Pour l’heure, l’enquête se poursuit et la gendarmerie récupère encore des informations. La société OLP-TECH va donner sa version des faits » confie Olivier Duhameau, avocat de la société hongroise.

En tous les cas, avec cette affaire, le solaire photovoltaïque français connaît une nouvelle secousse et n’avait pas besoin de cela. « Il risque même de devenir dans les prochaines semaines la catalyseur des luttes contre les travailleurs détachés et leur exploitation capitaliste misérabiliste. D’autant que c’est le consommateur français d’électricité, qui a du mal à boucler ses fins de mois, qui payent via la CSPE le développement de ces centrales » reconnaît un expert économique.

Il est également à noter qu’Eiffage au travers de sa filiale Clemessy a remporté il y a quelques semaines avec Schneider Electric et Krinner le contrat pour le plus grand parc photovoltaïque d’Europe (25 centrales, pour une puissance cumulée de 300 mégawatts MW), également près de Bordeaux, pour un montant de 285 millions d’euros. Alors avec ou sans travailleurs détachés ? Certaines PME françaises spécialistes du photovoltaïque ou des réseaux électriques, désespérées par l’attitude des grands groupes qui systématisent le recours aux travailleurs détachés, espèrent ainsi pouvoir se repositionner sur certains de ces chantiers de grande envergure qui finissaient par leur échapper.

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